
Market Weekly - Trump lance une guerre commerciale
Trump l’a promis, Trump l’a fait…
Donald Trump a annoncé le 2 avril ses tarifs réciproques sur les importations aux États-Unis. Il y a un minimum de 10% pour tout le monde. Le résultat semble plus négatif que ce que les spécialistes anticipaient. La Chine voit une taxe supplémentaire de 34% s’ajouter aux 20% déjà annoncés pour un total de 54%. L’Union européenne a droit à des taxes de 20%, le Japon 24% pour n’en citer que quelques-uns. La Suisse, quant à elle, voit ses exportations imposées à hauteur de 31%. Par pays, les États-Unis (18,6%) sont le principal marché d’exportation de la Suisse, devant l’Allemagne. Vers le bloc européen, la Suisse réalise cependant 51% de ses exportations. À noter que les produits pharmaceutiques sont à ce stade épargnés par les tarifs.
Une méthode développée en toute hâte
Donald Trump affirme qu’il s’est basé sur les tarifs imposés sur les produits américains dans chaque pays pour calculer les droits de douane qui seront appliqués. La TVA est considérée par son équipe comme injuste, et aurait été prise en compte dans ses calculs, un non-sens puisqu’elle touche tous les produits, importés ou non. La manipulation monétaire aurait aussi été modélisée. Il prétend être magnanime et ne taxer les partenaires commerciaux qu’à hauteur de 50% du résultat obtenu. Par exemple, sur la tabelle de la Maison-Blanche, les tarifs sur les produits exportés par les États-Unis en Suisse sont estimés à 61%, il a donc décidé de taxer les importations suisses à hauteur de 31%, la moitié. En somme, une méthode développée en toute hâte, sans grandes analyses et sans nuances contrairement à ce qui a été annoncé et qui laisse présager que, malgré tout, Donald Trump cherche à négocier avec chacun de ses partenaires. À noter que Donald Trump exclut les services dans ses calculs.

Donald Trump cherche à négocier avec chacun de ses partenaires.
Hausse des prix pour le consommateur américain
L’Union européenne exporte plus de 600 milliards de biens vers les États-Unis et importe 370 milliards de biens américains. Le déficit aux yeux de Donald Trump est de 230 milliards environ, en sa défaveur, soit 40% des 600 milliards. Divisé par deux, cela donne les 20% imposés à l’Union européenne. Sur les 600 milliards, l’Allemagne exporte 160 milliards vers les États-Unis. Cette dernière est particulièrement touchée par les mesures américaines, puisque sur l’automobile, les taxes seront de 25%. VW a déjà annoncé des hausses de prix aux États-Unis pour protéger ses marges.
Les conséquences pour le consommateur américain seront probablement une hausse des prix. Cependant, la taxe s’applique à l’arrivée des produits aux États-Unis. Prenons un exemple : un bien coûte 100 USD à l’importation et est vendu 200 USD. Si nous appliquons la taxe de 20%, le bien coûtera 120 USD. Pour protéger son bénéfice, l’importateur américain revendra le bien 220 USD. Soit une augmentation de 10%. Cet exemple illustre bien le fait que des tarifs douaniers de 20% ne se traduisent pas par 20% de hausse des prix finaux.
La période de turbulences devrait continuer ces prochains mois.
Les Etats-Unis, les grands perdants ?
L’économie aux États-Unis devrait connaître une inflation plus élevée. L’augmentation de l’inflation devrait rester toutefois contenue. Concernant les perspectives de croissance économique, les tarifs sont une nouvelle taxe pour le consommateur américain et cela se traduira par un ralentissement économique. Du côté de l’Europe, les plans de relance dans l’armement et les infrastructures devraient contrebalancer le ralentissement dû à la guerre tarifaire. En fin de compte, les États-Unis seront peut-être les grands perdants, les alliés d’hier se détournent des Américains pour gagner en indépendance à tous les niveaux. La période de turbulences devrait continuer ces prochains mois, le temps de pouvoir chiffrer correctement l’impact de ces décisions ainsi que les possibles négociations à venir et diverses concessions de part et d’autre. Une guerre tarifaire ouverte serait très négative.
Les marchés boursiers ont très mal réagi après l’annonce, les titres suisses les plus exposés au marché américain en termes de chiffre d’affaires ont le plus corrigé. Aux États-Unis, les titres avec une forte production à l’étranger ont aussi souffert fortement.