Le 30 octobre 2023 – Les difficultés de recrutement sont l’une des principales préoccupations des entreprises. La 16e étude sur le PIB romand, publiée par les six banques cantonales romandes en collaboration avec le Forum des 100 du quotidien Le Temps, se penche sur les implications des plus de 120 000 emplois vacants dans le pays, dont près de 25 000 en Suisse romande.
Les difficultés de recrutement sont l’autre face d’une situation de plein emploi. À 3,0% en septembre en Suisse romande (2,0% en Suisse), le taux de chômage est au plus bas depuis deux décennies.
Secondaire plus touché
Si, en nombre absolu, il y a plus de places vacantes dans le secteur tertiaire (93 000 sur le plan suisse) que dans le secondaire (32 000), cela s’explique par la prépondérance des services, qui occupent environ 70% de la population active. En pour cent du total des emplois, le taux de places vacantes était de 2,8% dans le secondaire au 2e trimestre 2023, contre 2,1% pour le tertiaire. Il n’existe pas de données régionales sur cet aspect, mais divers indices montrent que la tendance est la même sur l’ensemble du territoire. Dans le secondaire, les branches les plus touchées sont l’industrie manufacturière, en particulier la fabrication de produits électroniques
et l’horlogerie (4,0%). Dans le tertiaire, les activités informatiques et services d’information (3,6%), l’hôtellerie-restauration (3,0%) ou l’information et la communication (2,9%) affichent des taux de places vacantes sensiblement plus élevés que la moyenne.
La pénurie de personnel concerne en premier lieu les collaboratrices et les collaborateurs qualifiés (formation professionnelle supérieure, diplôme d’une haute école ou apprentissage). Un quart des entreprises font état de difficultés à recruter de telles personnes, voire dans certains cas indiquent qu’elles ne les ont pas (encore) trouvées. Les difficultés de recrutement concernent aussi de plus en plus les collaboratrices et les collaborateurs non qualifiés (école obligatoire). Le phénomène n’a pas la même ampleur qu’avec la main-d’œuvre qualifiée, mais concerne 8% des entreprises.
Perspectives peu optimistes
Les départs à la retraite des baby-boomers seront de moins en moins compensés par l’arrivée de jeunes gens sur le marché du travail et l’immigration, selon le scénario démographique de l’Office fédéral de sa statistique (OFS). Ainsi, un net ralentissement de la croissance de la population active se dessine, alors que rien n’indique un renversement de tendance dans les créations d’emplois, qui s'inscrivent ces dernières décennies à environ 1% par an. L’écart entre emplois et population active pourrait continuer de se creuser, pour atteindre d’ici 10 à 15 ans un nombre équivalent à un demi-million de places vacantes dans le pays. En Suisse romande, cela correspondrait à environ 150 000 places vacantes.
Il est cependant probable que, à partir d’un certain nombre de places vacantes, la croissance et les créations d’emplois fléchissent. De plus, d’autres freins à la croissance existent, tels que, à court terme, le ralentissement de la conjoncture mondiale et, à plus long terme, la remontée des tensions protectionnistes et géopolitiques. À l’inverse, la démographie pourrait évoluer de manière plus favorable qu’anticipé, ce qui est régulièrement arrivé par le passé. Ainsi, le nombre de places vacantes pourrait ne pas atteindre le niveau auquel une comparaison entre le scénario démographique et le rythme historique des créations d’emplois peut faire penser. Cependant, trouver du personnel qualifié ne sera certainement pas plus facile demain qu’aujourd’hui. Ceci, simplement du fait que le départ à la retraite des baby-boomers est une tendance de fond difficile à contrer.